« Vous seriez surpris du nombre de personnes qui ne connaissent pas le nom de Bill Withers alors qu’elles fredonnent ses chansons ». Le chanteur José James a choisi de rendre justice à un auteur, compositeur et interprète américain dont le répertoire a fait le tour du monde. Aujourd’hui octogénaire, Bill Withers a définitivement quitté la scène et les studios d’enregistrement considérant que la notoriété peut parfois pervertir l’intention artistique d’un créateur. Il se contente donc de quelques apparitions bien ciblées à la faveur de soirées honorifiques qui entretiennent son aura. Il aura fallu la judicieuse idée d’un jeune quarantenaire audacieux pour que, subitement, Bill Withers suscite un nouvel engouement populaire en 2018. Fasciné par les grandes figures d’antan, José James, intrépide soulman né dans l’univers d’un hip-hop, a déjà salué en public ou sur disque quelques-unes de ses idoles dont Billie Holiday et John Coltrane. Repéré par le label Blue Note et par son président, Don Was, José James a concrétisé cette année un rêve : consacrer un album entier à l’un de ses maîtres, Bill Withers. Le 9 septembre dernier, à la grande halle de la Villette, il interprétait pour la première fois à Paris des extraits de ce projet intitulé Lean on me, inspiré de la chanson de Bill Withers éditée en 1972. Au-delà de l’hommage, José James voulait, ce soir-là, donner du sens aux œuvres de son aîné. Écrites au cœur des années 70, les compositions emblématiques de Bill Withers narrent un contexte social, une humeur, un ressentiment. À une époque où la place de l’homme noir dans la société américaine était un sujet brûlant, le message de Bill Withers était souvent un appel à l’unité et à la solidarité, une invitation au réconfort et à l’écoute de ceux qui souffrent. Ses mots pouvaient être poétiques et politiques. I can’t write left handed interprétée à Carnegie Hall en 1973, en est un bon exemple. Cette fronde contre la guerre du Vietnam reste un moment fort de sa prodigieuse carrière. Depuis 1985, depuis l’album Watching you, watching me, Bill Withers s’est fait très discret. Revitaliser ses mélodies le poussera-t-il à sortir de sa tanière ? José James n’y croit guère : « Bill Withers n’a qu’une parole. Quand il dit qu’il ne veut plus chanter et qu’il ne veut plus remonter sur les planches, il faut le prendre au sérieux. Cela dit, il n’a plus besoin de chanter, son répertoire parle pour lui. Je pense, tout simplement, qu’il considère que sa vie d’artiste est derrière lui. Pour autant, il sait ce qu’il représente, il veut que son patrimoine soit préservé et je suis profondément honoré qu’il m’ait fait confiance. Il a senti que j’avais le plus grand respect pour son travail. Il est resté très attentif mais n’a posé aucune question. Le fait de rencontrer Bill Withers m’a permis de connaître l’homme avant l’artiste. De ce fait, je ne le perçois plus uniquement comme une icône ». ? Site de José James ? Site de Bill Withers
Comentarios