L’Eglise fête l’Annonce faite à Marie ces jours-ci, et quand nous y réfléchissons un peu, ce n’est pas tant l’étonnement de la Vierge Marie qui nous nous étonne. Elle ne pose une question que sur le comment : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? », et exprime toute sa confiance dès que l’Ange lui donne la réponse : « « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole ».
C’est bien sûr la grâce de l’Immaculée Conception et la fidélité à cette grâce qui aident Marie à « gérer » le bouleversement que l’arrivée de l’Ange a suscité en elle (pour utiliser un mot, gérer, que je n’aime guère employer pour les humains car il vient du vocabulaire de l’administration des choses), mais c’est aussi parce que, vraie fille d’Israël, elle attend le Messie.
En soi l’Incarnation du Fils de Dieu, « Dieu né de Dieu…, vrai Dieu né du vrai Dieu », comme nous le disons dans le Credo est infiniment supérieure à tout ce que l’homme pouvait, peut et pourrait imaginer, sinon en creux comme Isaïe : « Ah, si les Cieux se déchiraient ! » et le fils de Dieu en tant que Fils de Dieu est infiniment plus éloigné du Messie promis par Dieu que ce dernier de l’homme ordinaire. Mais il y a un élément que, me semble-t-il, nous ne prenons pas assez en compte et qui vaut pour aujourd’hui comme il y a plus de deux mille ans à Nazareth et avant dans la promesse messianique, à savoir le principe messianique en lui-même. Depuis longtemps, Dieu avait fait savoir à son peuple que son intervention décisive se ferait d’une façon spécifique : à travers, avec, par un homme – certes élu, choisi par lui, oint en son nom (c’est le sens du mot Messie), mais un homme. Bref que lui qui avait créé Israël, et l’humanité (car les promesses s’étendent à elle) sans leur demander leur avis ne les sauverait pas sans un homme pris en leur sein, sans eux. On est toujours infiniment loin de l’incarnation du Fils de Dieu mais la coopération de l’homme aux plans de Dieu est déjà là. Et elle se produit aujourd’hui de même quand comme Marie, nous vivons ce « que ta volonté soit faite » que nous prions.
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