Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
Le parasite à l’honneur, puisque c’est le titre d’un film qui vient de sortir en France dans quelques salles, mais surtout qui, présent au Festival de Cannes, a remporté la Palme d’or. Et il est bien question dans ce film d’une famille pauvre qui s’intéresse à une famille riche et peut-être une cellule familiale qui pourrait se greffer sur l’autre. Ce mot de parasite, il est en général très péjoratif en français, pour désigner celui qui vit aux dépens de quelqu’un d’autre. Le parasite, c’est celui qui se fait inviter, ou parfois qui vient sans être invité, s’incruste, s’assoit à une table qui n’est pas la sienne, qui peut s’installer à demeure ? Le parasite, c’est ce qu’on appelle familièrement le pique-assiette, anciennement l’écornifleur, mot charmant, mais vieilli. Mais le pique-assiette donne une image très expressive, de celui qui vient se servir dans un plat qui n’est pas le sien : ce n’est pas qu’il pique les assiettes ou les petites cuillers. Mais il pique, picore, se sert dans une assiette qui se trouve à sa portée. Et parfois bien sûr, on parle de parasites sociaux. Et là aussi c’est très négatif : on se sert souvent de cette image pour attaquer les politiques sociales, de défendre un certain libéralisme. Un peu comme on parle des « assistés » ! On prétend qu’une frange de la population qui n’a pas accès à une certaine prospérité s’arrange de cette situation en vivant d’allocation, de chômage, ou d’aides diverses. Mais on peut aussi appeler parasite celui ou celle qui se débrouille pour graviter dans un certain milieu très riche, et profiter de toute une circulation de richesse pour être invité ici et là et profiter d’un train de vie qui correspond à une richesse qu’il n’a pas.
Le mot est quand même étonnant puisqu’il vient du grec, mais qu’à l’origine, et dans cette langue, il avait un sens qui n’était pas vraiment méprisant, du moins au départ. Le parasite, c’est le convive, celui qui est à table avec les autres. Et l’organisation de certaines cités grecques prévoyait que certains personnages, notamment des prêtres, seraient nourris aux frais de l’état. Bien vite le sens peut évoluer, le mot s’attache à ceux qui se font inviter chez les puissants, et qui les flattent, en font l’éloge : le parasite est le courtisan.
Mais le mot a bien d‘autres emplois : les parasites sont aussi des animaux, ou parfois des végétaux qui s’attachent à d’autres et se nourrissent grâce à eux. Et souvent, on se sert du mot pour désigner les insectes dont les humains ont du mal à se débarrasser, et qui leur empoisonnent la vie : les poux, les punaises, les puces… Le parasite gêne, et on a du mal à s’en débarrasser ! Adversaires souvent minuscules, cachés, résistants, qui semblent se moquer des mesures qu’on prend contre eux ! Et le mot a fini par avoir un sens technique particulier : les parasites sont les perturbations, bruits, frottements, grincements, qui perturbent la réception des signaux radiophoniques : ce qu’on appelle familièrement la friture !
Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)
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