Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
Le match récent qui dans cette Coupe d’Afrique des Nations a opposé l’Ouganda au Zimbabwe l’a montré, le nul est une expression qui revient souvent dans le vocabulaire sportif. Et si cette rencontre s’est soldée par un score nul, ça ne veut pas dire que le match était sans intérêt, qu’il était raté, qu’il était « nul » ! Mais cela signifie simplement que les deux équipes l’ont terminé à égalité : un but partout peut-on entendre aussi : une autre manière d’exprimer cette égalité.
Ça prouve bien que ce mot nul, adjectif indéfini, ou pronom indéfini a plus d’un sens et plus d’un écho.
Commençons par son emploi premier, son sens littéral : nul renvoie d’abord à l’idée d’absence. Le mot signifie personne ou aucun. Personne quand il renvoie justement à un être vivant : Nul n’est censé ignorer la loi ! tel est l’un des principes fondateurs du droit : on ne peut pas dire : « Mais Monsieur le Juge, je ne savais pas que c’était interdit ! ». Nul peut là être remplacé par « personne ». Et si l’on dit « nulle parole ne fut prononcée ! », cela veut dire qu’on n’a rien dit du tout : aucune parole. Il faut pourtant garder à l’esprit que le mot n’est pas aussi usité que ses synonymes. Il donne l’impression d’un français un peu ancien, et d’un langage recherché ou littéraire. Nulle est donc une particule d’une formule négative, qui doit être accompagnée de « ne ». Et justement comme son usage appartient à une langue surveillée, la deuxième particule est pratiquement toujours prononcée ou écrite : « Nul n’est censé… » Sauf si le mot est présent dans une phrase sans verbe : « Nul bruit ! »
Mais nul peut aussi être un adjectif qualificatif, avec là un sens bien différent : il veut dire « qui n’existe pas ». Si je dis « le risque est nul », c’est que je pense qu’il n’y en a pas. Qui n’existe pas, ou simplement qui n’a pas de valeur, qui n’est pas valide. Ainsi, lors d’un vote, on parle d’un bulletin nul : c’est qu’il a été annulé : il est raturé, annoté, déchiré… Ou simplement on a déclaré que telle disposition ne s’appliquerait plus : elle nulle et non avenue, dit-on dans cette expression toute faite.
C’est bien ce qui permet de comprendre le sens sportif du mot : les scores des deux parties arrivent au même niveau, donc s’annulent, ou s’équilibrent : ni gagnant, ni perdant ! C’est ainsi que souvent on dit qu’une équipe a arraché le nul : elle a été dominée pendant toute la partie. Au dernier moment, alors qu’elle était menée 1-0, elle arrive à marquer presque miraculeusement : elle arrache le nul. Et l’autre équipe, déconfit, concède le nul.
Enfin on sait bien que le mot a aussi une valeur bien plus négative et subjective : ce qui est nul, c’est ce qui n’a pas d’intérêt, ou même qui est condamnable ou méprisable : sur ce coup, j’ai été nul. C’est-à-dire non seulement je n’ai pas fait ce que j’aurais dû faire, mais je me suis mal conduit ! Il y a en effet un jugement moral dans l’emploi du mot.
Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)
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