Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.’ Le gérant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.’ Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ Il répondit : ‘Cent barils d’huile.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.’ Puis il demanda à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Il répondit : ‘Cent sacs de blé.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu, écris 80’. Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Source : AELF Méditation Père Michel Quesnel On appelle ces quelques versets « la parabole du gérant habile », un texte paradoxal. Tout en étant malhonnête avec son maître de la terre, le gérant a fait un bon usage de l’argent, quand on considère que tout argent appartient d’abord à Dieu et qu’il est fait pour créer des liens au lieu de creuser des fossés entre les classes sociales. L’argent devient malhonnête lorsqu’on l’accumule au lieu de le partager. Les phrases prononcées ensuite par Jésus sont des variations autour d’une conviction forte de l’Evangile : la façon dont nous gérons l’argent qui nous est confié par Dieu est un indicateur de la qualité véritable de nos existences. Si nous l’accumulons, nous sommes loin du Royaume de Dieu. Si nous le partageons avec des frères humains qui se trouvent dans le besoin, nous devenons proches d’eux et, par là même, proches de Dieu. Nous nous faisons leur prochain, pour reprendre les intuitions de la parabole du Bon Samaritain. L’aspect pervers de l’argent, c’est que nous risquons toujours d’en faire un maître. Cela joue au plan personnel ; cela joue également au plan politique. Des relations essentiellement menées par des intérêts économiques ne peuvent que contribuer à construire une terre inhumaine. Nous en faisons, hélas, la constatation quotidienne. L’écart entre riches et pauvres se creuse. C’est le cas dans les entreprises : les rémunérations du PDG sont scandaleusement plus élevées que les bas salaires. C’est le cas au plan des relations internationales, entre les Etats prospères et les Etats défavorisés. Donne-nous, Seigneur, d’aimer les pauvres, d’aimer aussi les profiteurs, et d’avoir en même temps une haine profonde du profit injuste.
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